- accessoire : Objet utilisé sur scène (épée, lettre, verre, micro…). Parfois anodin, parfois clé du drame.
- acte : Division externe de la pièce en parties d’importance sensiblement égale, en fonction du déroulement de l’action. Traditionnellement, une pièce se divise en trois ou cinq actes, eux-mêmes découpés en scènes
- action : Selon Aristote, détermination majeure et première de la création dramatique. Le choix des actions conditionne toute l’œuvre, en particulier les caractères des personnages.
L’action théâtrale est fondamentalement constituée d’une suite d’actes de discours : parler, c’est agir (menacer, supplier, louer, condamner, pardonner, etc.).
Dernière partie de l’art oratoire, l’action (du latin actio) désigne la gestuelle, la déclamation qui donnent force au discours. Extrêmement codifiée et non réaliste, la déclamation est pratiquée aussi par les avocats, les prédicateurs, tandis que l’on retrouve dans la peinture l’alphabet des gestes utilisés par les comédiens. Voir E. Green, Littératures classiques n° 12, 1990 et La Parole baroque, 2001.
- allitération : Répétition, dans une suite de mots (par exemple dans un vers), d’une ou de plusieurs consonnes initiales ou intérieures.
- antagoniste : Personnage en opposition ou en conflit.
- aparté : Réplique prononcée par un personnage à l’insu d’un autre, pour lui-même ou à l’intention du public.
- bienséance : Respect des conventions morales et esthétiques.
- bienséance interne : Cohérence de l’œuvre dramatique, des caractères notamment. C’est au nom de la bienséance interne que Jean Chapelain (1595-1674, un des fondateurs de l’Académie française) critique l’attitude de Chimène.
- chœur : Groupe de personnages qui commentent l’action (dans le théâtre antique ou certaines mises en scène modernes).
- coup de théâtre : Renversement soudain et spectaculaire dans l’intrigue. Le « plot twist » à la française.
- comique : Ensemble d’éléments provoquant le rire.
- comédie : Action scénique qui provoque le rire par la situation des personnages ou par la description des mœurs et des caractères, et dont le dénouement est heureux.
- confident : Personnage recevant les confidences d’un autre.
côté cour / côté jardin : Respectivement la droite et la gauche de la scène… depuis le point de vue du public. (Cour = droite, Jardin = gauche).
costume : Les habits de scène. Pas juste pour faire joli : ils racontent un personnage.
coulisses : L’envers du décor. Littéralement.
- décor : Ce qui matérialise l’espace sur scène. Ville, chambre, désert ou pur néant : tout est possible.
- dénouement : Renversement de l’action qui l’achève en précipitant le péril (catastrophe dans la tragédie à fin malheureuse), en l’écartant (tragédie à fin heureuse). Pour Corneille, le dénouement tragique ou comique doit être concentré le plus possible dans la scène ultime afin de maintenir jusqu’au bout l’attention du spectateur : il doit avoir été préparé dès l’exposition et tout au long de l’action.
- didascalie : Indication scénique (souvent mise en italiques) qui est donnée par l’auteur, et qui peut concerner les entrées ou sorties des personnages, le ton d’une réplique, les gestes à accomplir, etc… Le texte théâtral se compose de deux éléments : les didascalies et les dialogues.
- dramaturge : Auteur de drames, pièces de théâtre.
- grotesque : Comique caricatural déformant la réalité.
- héros : Qui s’est illustré par de hauts faits d’armes.
« Principal acteur », c’est-à-dire personnage principal autour duquel l’action est construite.
- héros tragique : « médiocre » au sens étymologique, c’est-à-dire ni parfaitement vertueux, ni absolument méchant, mais tombé dans le malheur par faute, erreur ou faiblesse.
Le héros classique peut être cependant absolument vertueux, parce qu’il est ainsi plus susceptible de toucher le spectateur. La « générosité » est sa marque éthique codifiée (comme qualité native et morale à la fois). Chez Corneille, le héros se trouve souvent à la fois innocent et coupable : Rodrigue, Suréna par exemple. hors-scène : Espace où se déroulent des événements non visibles.
intrigue : Ensemble d’événements constituant le déroulement.
- jeu : Manière des acteurs de représenter la pièce.
- mime : Imitation d’une action par gestes sans parole.
- mise en scène : Ensemble des moyens d’interprétation scénique (scénographie, musique, jeu…) ; activité qui consiste à agencer ces moyens. Articulation entre le travail d’un maître d’oeuvre et celui de chacun des artistes qui concourent à l’oeuvre ; transposition d’une écriture dramatique en écriture scénique.
mode ou style direct : Discours rapporté dans sa forme originale, sans terme de liaison, après un verbe de parole.
- monologue : Scène parlée, discours adressé à soi-même, ou à un auditoire dont on n’attend pas de réponse. Dans l’analyse du discours théâtral, il est considéré comme une variété du dialogue.
- nœud : L’essentiel de la pièce, où le personnage est en proie au péril. Une péripétie à la fois surprenante et nécessaire modifie brutalement le cours de l’action et amène le dénouement.
- parodie : Imitation humoristique d’un style existant.
- péripétie : Changement subit de situation.
- prologue : Introduction de la pièce. Le teaser version théâtre.
- quatrième mur : Mur imaginaire entre la scène et le public. Quand un personnage s’adresse au public = il le brise.
- quiproquo : Procédé dramatique essentiel, ressort du comique comme du pathétique, permet divers coups de théâtre et fonde les reconnaissances (agnitions) typiques du dénouement.
répétition : Avant-premières secrètes pour les acteurs. Là où tout se construit (et déraille parfois).
réplique : Ce que dit un personnage. L’unité de base du ping-pong verbal.
- saynète : Petite pièce comique.
- scène : Unité la plus courte de la pièce. En général, on change de scène lorsqu’un ou plusieurs personnages entrent ou sortent.
- scène d’exposition : Scène présentant les personnages et exposant l’intrigue.
- soliloque : Discours d’un personnage, apparemment adressé à soi-même.
- souffleur : Celui ou celle qui sauve discrètement un acteur en trou de mémoire. (Héros de l’ombre.)
- stichomythie : Moment d’une tragédie où les interlocuteurs se répondent vers par vers.
- tirade : Longue suite de phrases, de vers, récitée sans interruption par un personnage de théâtre.
- tragédie : Genre où ça finit mal. Toujours. Mais avec panache.
- tragi-comédie : « Genre dramatique sérieux » moderne et irrégulier (environ 1580-1640), qui met en scène des personnages de haut rang confrontés à un péril auquel ils échappent toujours. Ce péril est presque toujours de nature amoureuse et privée et souvent inspiré par les romans « modernes » (Orlando Furioso). Déguisements, enlèvements, poursuites, tempêtes et batailles marquent une action pleine de rebondissements dans un espace multiple. Le genre domine absolument la scène française entre 1628 et 1634. Le Cid, « tragi-comédie », est rebaptisé « tragédie » en 1648, après que la victoire des « réguliers » a empêché la tragi-comédie de s’élever au sommet de la hiérarchie des genres dramatiques.
- tragique / burlesque / absurde : Des tonalités, des univers. Du très noir au très WTF.
- unité de temps : En 1630, Jean Chapelain justifie cette première règle (Lettre sur la règle des vingt-quatre heures). Il s’agit, pour assurer la vraisemblance, de réduire l’écart entre la durée supposée de l’action et celle de la représentation (entractes compris). Cette règle oblige aussi à concentrer l’action représentée au moment de la crise. Des récits rétrospectifs peuvent alors éclairer le spectateur sur les événements qui ont précédé le début de la pièce, ou qui ont pris place pendant les entractes. L’unité de temps impose enfin la liaison des scènes, afin que l’espace scénique ne soit jamais laissé vide.
- unité de lieu : Sa définition suit les mêmes principes que celle de l’unité de temps, à laquelle elle est liée : elle vise à réduire l’écart entre la multiplicité de lieux d’action parfois très éloignés les uns des autres et l’unicité du lieu de représentation qui est la scène. Plus lente à s’imposer (en raison aussi des scènes en « compartiments »), elle paraît à beaucoup moins nécessaire que l’unité de temps (c’est par elle, significativement, que Victor Hugo attaquera l’édifice classique dans la Préface de Cromwell, 1827). Le risque non négligeable de voir cette unité de lieu fabriquer de l’invraisemblance conduit à faire de la scène un lieu de plus en plus composite, neutre ou indéterminé : ville, antichambre, « palais à volonté ».
- unité d’action : Plus complexe, elle s’impose plus difficilement en raison du succès de la tragi-comédie, fondée sur les personnages multiples et les rebondissements nombreux. Corneille définit l’unité d’action dans la tragédie par l’unité de péril (qui jette le héros dans l’action), dans son Discours des trois unités.